Hotel Saigon Morin

Le séjour à Hué se termine aujourd’hui. Trois jours ont été suffisants pour me faire une idée de la ville, et pour commencer plus largement  à entrapercevoir la vie Vietnamienne. Les questionnements sur ma présence en tant que Français ici ne sont pas toujours simples à résoudre, et les plaisirs du tourisme au Vietnam sont parfois ambigus… C’est comme si j’avais hérité d’une culpabilité historique dont je ne sais que faire. J’ai lu dans un livre retraçant l’histoire de la présence coloniale française que certains « sans le sous » quittaient la France pour Saigon, le Paris oriental, pour devenir « quelqu’un », pouvant dès lors s’offrir avec leur maigre bourse tous les plaisirs qu’ils souhaitaient. Une part de moi doit composer avec le sentiment de vivre une expérience un peu similaire, même si bien sur le contexte historique et les raison de ma présence ici sont loin d’être les mêmes. Ce malaise me fait malgré tout voir le tourisme comme quelque chose de très critiquable (dans le sens « débattable » du terme), et certains européens que je croise ne semblent même pas questionner leur propre histoire dans le rapport qu’il créent au pays qu’ils visitent… Cela ne m’empêche pas de savourer ces derniers instants dans la paisible Hué avant de retourner dans la battante Ho Chi Minh ville.0-weu-d1-96c8ef303fd67504aea86eadce79c90c

Je déguste, en écrivant, un café local qui est grillé puis caramélisé avant d’être torréfié. Sur le papier ça vend du rêve mais dans la réalité c’est terriblement sucré ! Je ne le finirai pas… La journée fut courte (levé tard, je ne suis pas encore calé) mais agréable : repas dans un restaurant de rue cuisinant une des spécialités de Hué: les Bành Khoaì, sorte de crèpes frittes garnies de porc, légumes et crevettes. Ce bouboui est presque familier pour moi car mon père y a mangé il y a 20 ans lors d’une tournée au Vietnam ! Je me suis fait offrir le fameux décapsuleur « maison » fait d’un tasseau de bois avec un écrou. Un souvenir vraiment sympathique, tant il est difficile d’en trouver d’authentiques. Ici tout ce qui se vend est en toc. Suite de l’apres midi au marché : une autre planète. C’est un très grand hangar, bas de plafond, dans lequel des milliers de stands à thèmes (parlons plutot d’entassements d’objets) se mélangent en un labyrinthe sinueux et coloré. Il y a le « quartier » des épices, celui des chaussures (jamais vu autant de tongs concentrées au même endroit, c’est pas rien), des fruits et légumes, des ustensiles de cuisine… Il doit être possible de tout trouver dans un endroit pareil, il y a même un stand de dérailleurs de vélo.

En rentrant vers se fameux café depuis lequel j’écris ces lignes, je passe devant l’hôtel Saigon Morin. Un grand bâtiment luxueux des années 10, architecture coloniale dans le style 1900, fondé par Wladimir Morin. C’est un des vestiges les plus « flamboyants » de la présence étrangère au Vietnam, et il me fait écho au Majestic hôtel dans lequel nous allons travailler, à Ho Chi Minh ville. C’est ainsi l’image de transition entre ces quelques jours d’errance personnelle et le travail qui s’annonce avec mes chers Hommes Approximatifs, à partir de demain. Il me tarde.