Rivière des Parfums

Quelle belle journée ! Descendre en bateau la rivière des parfums est certes une attraction touristique majeure à Hué, bien que la plupart des étrangers préfèrent les cars climatisés, mais le spectacle des paysages fait vite oublier les quelques autres embarcations bondées. Embarcations d’ailleurs décorées pour séduire le touriste lambda en lui offrant la touche d’exotisme qu’il attends d’un pays comme le Vietnam… dans 20160318_131511_HDR_resizedle cas présent une tête de dragon bien laide sur la proue. J’aurais bien sur aimé monter sur une de ces péniches en bois, de fortunes, enfoncées dans l’eau jusqu’au niveau du pont, avec leur moteur pétaradant…. mais quand même, le fait d’être seul sur le « bateau/dragon force jaune » que j’ai finalement pris fut une expérience assez grisante, hors du temps. Pour effectuer les 15km qui séparent Hué du tombeaux Minh Mang il faut compter 1H30 de navigation. En route nous faisons une petite escale à la pagode Thien Mu, puis 1h plus tard nous arrivons au fameux tombeau. Il n’y a pas beaucoup de monde, à ma surprise, mais le soleil cogne (38°) et c’est sans doute ce qui a dissuadé les foules de venir. C’est beau, l’accord fin entre l’architecture et la nature, les couleurs qui se fondent les unes avec les autres, beaucoup de métaphores dans la construction comme ce pont qui relie une des bâtisses à la petite ile sur laquelle est enterré l’empereur, symbolisant le passage entre le monde des vivants et celui de morts. Je retrouve des sensations d’harmonie similaires à certains temples Japonais. Malheureusement tout cela est un peu gâché par l’autoroute dont le grondement permanent vient briser la paix de l’endroit… On peut définitivement considérer le moteur à explosion comme l’invention la plus ravageuse pour le patrimoine sonore. Tout du moins du point de vue des preneurs de sons. Et la clim qui vient à l’instant de se mettre en marche dans ma chambre d’hôtel arrive en deuxième position.

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Le retour est tout aussi agréable, repas au milieu de l’eau en prime. J’ai une sensation dont je ne sais trop quoi faire, à mi chemin entre le plaisir de l’instant (pour résumer : seul, devant un délicieux repas sur un bateau privatisé avec un chauffeur et une cuisinière, descendant une magnifique rivière du Vietnam) et le sentiment de ne pas être à ma place, ou d’être ce français qui un jour des années 40 a pris ce même bateau… Mes sourires crispés ont du me trahir.

 

20160318_095239_resizedAprès quelques angoisses liées à l’humidité (mes micros n’aiment pas du tout ça…) j’ai sorti enfin le Nagra aujourd’hui, pour chercher comment appréhender les réactions des Vietnamiens à la prise de son « visible ». Pas de problèmes pour enregistrer des ambiances et sons du quotidiens, mais bien plus dur d’aller vers eux pour échanger des mots, à l’image de cette guide vietnamienne francophone qui s’est mise à bafouiller un « je don’t speak français » quand je lui ai demandé le nom de l’oiseau qu’on entendait chanter. J’imagine que le look « journaliste » peu faire peur, on reste en pays communiste malgré tout. Pour en revenir aux moteurs, l’identité sonore du Vietnam est incontestablement le bicylindre des mobylettes et le klaxon ! Je ne crois pas avoir une seule prise sans un de ces deux éléments…

L’assiette notoire du jour est un Làò au boeuf, sorte de fondue à base de bouillon à la citronnelle dans lequel on plonge des lamelles de viande avant de les rouler avec de la salade et du concombre dans une feuille de riz. C’est incroyablement bon et léger.

Demain dernier jour à Hué, avant de retourner à Ho chi minh ville. J’ai envie de retourner au marché, pour peut être y glaner quelques sons et quelques épices.