De l’autre coté du pont Truòng Tiên

Deuxième jour à Hué, la ville m’offre quelques uns de ses secrets. Et question secrets, la cité interdite arrive en tête. Construite sur le modèle de celle de Pékin, elle a abrité plusieurs dynastie d’empereurs et leur famille, et leur courtisants, et les artisants royaux, et les familles de notables et…. donc c’est grand, oui. Il ne reste au final que peu de bâtisses encore debout, après les deux guerres coloniales (1954 et 1976), mais l’alliance entre les ruines, les étendues vertes garnies de bonzaï, et les quelques beaux batiments colorés fonctionne à merveille. J’ai l’occasion d’assister à une courte représentation de musique traditionnelle, de celle qui était jouée à la cour de l’empereur : étrangement c’est très « moderne » comme écriture et parfois même jazzy (20160317_160657_HDR_resizedles sortes de bombardes en bois partent dans des solos à la John Zorn… intemporel !). Au milieu de tous ces vestiges, il faut quand même noter les nombreuses maisons et villas coloniales, qui ont envahi jusqu’à l’intérieur même de la citadelle impériale… et sur les esplanades de celles-ci sont exposés quelques tanks, avions de combats et canons américains. Je n’arrive pas à mesurer la profondeur de la blessure des Vietnamiens suite aux guerres. Ce genre d’exposition me laisse une saveur amère et beaucoup de questions sur les raisons qui les poussent à conserver cette histoire aussi démonstrativement. Peut être est-ce simplement un trophée. Hier Manh m’a dit que le peuple Vietnamien n’éprouvait aucune rancœur envers les Américains et les Français. Dans ce cas j’aimerai comprendre. Je creuserai la question avec lui.

20160317_170846_HDR_resizedRetour de la citadelle en passant par un quartier très populaire, qui m’a paru très pauvre. Un labyrinthe de petites ruelles étroites bien caché derrière un grand boulevard, avec de petites maisons ouvertes sur rue, beaucoup d’enfants entrain de jouer aux billes, des coiffeurs, des restaurants… L’impression de ne pas du tout être à l’endroit ou je devrais me fait presser le pas, mais personne ne me le fait sentir. Le quartier comporte aussi une rue très passante dans laquelle j’assiste de loin à une sorte de cérémonie religieuse dont je n’arrive pas à identifier l’origine (Bouddhiste peut-être…), mais devant laquelle je confirme le fait que les Vietnamiens peuvent vraiment pousser le volume des enceintes à fond sans que cela les dérange. C’est d’autant plus troublant que ces mêmes enceintes diffusent le chant du maitre de cérémonie… saturé, distordu, et assourdissant.. et que l’auditoire reste tranquillement les mains jointes et dans le recueillement.

Passage par le marché couvert de Hué, mais trop fatigué pour prendre le temps de découvrir cet endroit d’apparence magique… j’y retournerai très bientôt.

Je termine la journée à la terrasse d’un petit bouiboui en mangeant un « Chao Ga », sur les 20160317_143129_HDR_resizedconseils du vieil américain d’hier : décevant. C’est une sorte de soupe à base de riz dilué (ce qui donne une consistance semi liquide, comme du porridge), avec des herbes et du poulet. Pas très savoureux. Je reprends donc un « Banh Cuon » (pain vapeur fourré à la viande et aux champignons) à un vendeur ambulant, qui appâte/épate toujours les clients avec son mégaphone en boucle ! Et pour finir cette journée musicale je me pose devant un bar avec Karaoké, et là je vous laisse écouter le petit montage sonore…. les mots ne suffisent pas.

Demain je descends en bateau la rivière des parfums, il me tarde.